Le temps de l’innocence.

2001 - 2019.

Janvier 2001. Début d'un voyage initiatique de 14 mois à travers 9 pays d'Asie. J'avais 27 ans, je voyageais et vivais l'instant présent. Je dessinais tous les jours. Je suis rentré avec de nombreux cahiers de dessins, et également des centaines de pellicules car c'est durant ce voyage, en circulant au Népal, en Inde, en Birmanie, et bien d'autres pays, que je suis tombé dans la photographie.

Ce voyage, la période de liberté la plus intense de ma vie, avait été si fort qu’à mon retour en mars 2002, je ne pouvais me plonger ni dans mes photographies, ni dans mes dessins, ni dans mes textes.

Tous mes négatifs ont fini dans ma cave et je les y ai laissés, comme des souvenirs volontairement enfouis au plus profond de mon être.

Janvier 2019, 17 ans plus tard, au fond de mon sous-sol, tombé d’une étagère, un sac en toile poussiéreux.

Mon cœur s'emballe. C’est mon grand voyage.

J’examine mes négatifs et ce que j'y découvre est un cadeau : attaqués par l'humidité, la moisissure, ils ont vieilli, les images qui en sortent sont étranges. Elles ont quitté le présent, pour se perdre dans un passé indatable, et réapparaitre affranchies des notions de temps et d’espace.

Ce qui me marque le plus en découvrant et en travaillant mes images, c'est cette légèreté, cette innocence qui y règne, principalement des paysages, dont, finalement, le positionnement géographique n'a aucune importance. Dans chaque photographie, nous sommes simplement au cœur d'un ailleurs, quelque part sur Terre.

Si ma série parle de l'innocence du jeune homme que j'étais, à traverser le monde, elle en évoque également une autre.

En développant ma série en 2019, j'ai réalisé qu'à l'époque de mon voyage, on ne nous parlait pas de la destruction de la bio-diversité, du déséquilibre engendré par l'être humain commencé à la révolution industrielle, et ses conséquences sur le climat.

Aujourd'hui, ère de l'information et des hautes technologies, nous prenons en pleine face les chiffres que certains scientifiques devinaient il y a 40 ans, et nous vivons désormais chaque jour avec cette chape sur la tête, cette culpabilité. Tous les jours, des chiffres délirants sur les espèces animales et végétales qui disparaissent par notre faute. Chaque jour, les infos, les réseaux sociaux, les manifestations, les mouvements, les jeunes qui prennent la parole, et à juste titre. Chaque jour, cette culpabilité, prouvée, réelle. Elle est entrée dans notre quotidien et s'ancre à jamais.

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